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羊脂球(中法对照本)

2013-11-30 44页 doc 260KB 251阅读

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羊脂球(中法对照本) Boule de Suif(羊脂球) Guy de Maupassant(居伊.德.莫泊桑) 1 Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n'était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en gu...
羊脂球(中法对照本)
Boule de Suif(羊脂球) Guy de Maupassant(居伊.德.莫泊桑) 1 Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n'était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d'une allure molle, sans drapeau, sans régiment. Tous semblaient accablés, éreintés, incapables d'une pensée ou d'une résolution, marchant seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu'ils s'arrêtaient. On voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil; des petits moblots alertes, faciles à l'épouvante et prompts à l'enthousiasme, prêts à l'attaque comme à la fuite; puis, au milieu d'eux, quelques culottes rouges, débris d'une division moulue dans une grande bataille; des artilleurs sombres alignés avec ces fantassins divers; et, parfois, le casque brillant d'un dragon au pied pesant qui suivait avec peine la marche plus légère des lignards. Des légions de francs-tireurs aux appellations héroïques: "les Vengeurs de la défaite - les Citoyens de la tombe - les Partageurs de la mort" - passaient à leur tour, avec des airs de bandits. Leurs chefs, anciens commerçants en drap ou en graines, ex-marchands de suif ou de savon, guerriers de circonstance, nommés officiers pour leurs écus ou la longueur de leurs moustaches, couverts d'armes, de flanelle et de galons, parlaient d'une voix retentissante, discutaient plans de campagne , et prétendaient soutenir seuls la France agonisante sur leurs épaules de fanfarons; mais ils redoutaient parfois leurs propres soldats, gens de sac et de corde, souvent braves à outrance, pillards et débauchés. Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on. 一连好几天,许多溃军的残余部分就在卢昂的市区里穿过。那简直不是队伍了,只算是好些散乱的游牧部落。弟兄们脸上全是又脏又长的胡子,身上全是破烂不堪的军服,并且没有团的旗帜也没有团的番号,他们带着疲惫的姿态向前走。全体都像是压伤了的,折断了腰的,头脑迟钝得想不起一点什么,打不定一点什么主意,只由于习惯性而向前走,并且设若停步就立刻会因为没有气力而倒下来。我们所看见的,主要的是一些因动员令而应征的人和好些素以机警出名而这次出队作战的国民防护队:前者都是性爱和平的人,依靠固定利息过活的安分守己的人,他们都扛着步枪弯着身体;后者都是易于受惊和易于冲动的人,既预备随时冲锋也预备随时开小差。并且在这两类人的中间有几个红裤子步兵都是某一师在一场恶战当中受过歼灭以后的孑遗;好些垂头丧气的炮兵同着这些种类不同的步兵混在一处;偶尔也有一个头戴发亮的铜盔的龙骑兵拖着笨重的脚跟在步兵的轻快步儿后面吃力地走。   好些义勇队用种种壮烈的名称成立了,他们的名称是:失败复仇队——墟墓公民队——死亡分享队,也都带着土匪的神气走过。   他们的首领,有些本是呢绒商人或者粮食商人,有些本是歇业的牛羊油贩子或者肥皂贩子,战事发生以后,他们都成了应时而起的战士,并且由于他们有银元或者有长胡子都做军官,满身全是武器,红绒绦子和金线,他们高谈阔论,讨论作战,用夸大的口吻声言垂危的法国全靠他们那种自吹自擂的人的肩膀去支撑,不过有时候,他们害怕他们的部下,那些常常过于勇猛喜欢抢劫和胡闹的强徒。   普鲁士人快要进卢昂市区了,据人说。 2 La Garde nationale qui, depuis deux mois, faisait des reconnaissances très prudentes dans les bois voisins, fusillant parfois ses propres sentinelles, et se préparant au combat quand un petit lapin remuait sous des broussailles, était rentrée dans ses foyers. Ses armes, ses uniformes, tout son attirail meurtrier, dont elle épouvantait naguère les bornes des routes nationales à trois lieues à la ronde, avaient subitement disparu. Les derniers soldats français venaient enfin de traverser la Seine pour gagner Pont-Audemer par Saint-Sever et Bourg-Achard; et, marchant après tous, le général désespéré, ne pouvant rien tenter avec ces loques disparates, éperdu lui-même dans la grande débâcle d'un peuple habitué à vaincre et désastreusement battu malgré sa bravoure légendaire, s'en allait à pied, entre deux officiers d'ordonnance. Puis un calme profond, une attente épouvantée et silencieuse avaient plané sur la cité. Beaucoup de bourgeois bedonnants, émasculés par le commerce, attendaient anxieusement les vainqueurs, tremblant qu'on ne considérât comme une arme leurs broches à rôtir ou leurs grands couteaux de cuisine. La vie semblait arrêtée; les boutiques étaient closes, la rue muette. Quelquefois un habitant, intimidé par ce silence, filait rapidement le long des murs. L'angoisse de l'attente faisait désirer la venue de l'ennemi. Dans l'après-midi du jour qui suivit le départ des troupes françaises, quelques uhlans, sortis on ne sait d'où, traversèrent la ville avec célérité. Puis, un peu plus tard, une masse noire descendit de la côte Sainte-Catherine, tandis que deux autres flots envahisseurs apparaissaient par les routes de Darnetal et de Boisguillaume. Les avant-gardes des trois corps, juste au même moment, se joignirent sur la place de l'Hôtel-de-Ville; et, par toutes les rues voisines, l'armée allemande arrivait, déroulant ses bataillons qui faisaient sonner les pavés sous leur pas dur et rythmé. Des commandements criés d'une voix inconnue et gutturale montaient le long des maisons qui semblaient mortes et désertes, tandis que, derrière les volets fermés, des yeux guettaient ces hommes victorieux, maîtres de la cité, des fortunes et des vies, de par le "droit de guerre". Les habitants, dans leurs chambres assombries, avaient l'affolement que donnent les cataclysmes, les grands bouleversements meurtriers de la terre, contre lesquels toute sagesse et toute force sont inutiles. Car la même sensation reparaît chaque fois que l'ordre établi des choses est renversé, que la sécurité n'existe plus, que tout ce que protégeaient les lois des hommes ou celles de la nature, se trouve à la merci d'une brutalité inconsciente et féroce. Le tremblement de terre écrasant sous des maisons croulantes un peuple entier; le fleuve débordé qui roule les paysans noyés avec les cadavres des boeufs et les poutres arrachées aux toits, ou l'armée glorieuse massacrant ceux qui se défendent, emmenait les autres prisonniers, pillant au nom du Sabre et remerciant un Dieu au son du canon, sont autant de fléaux effrayants qui déconcertent toute croyance à la justice éternelle, toute la confiance qu'on nous enseigne en la protection du ciel et en la raison de l'homme. Mais à chaque porte des petits détachements frappaient, puis disparaissaient dans les maisons. C'était l'occupation après l'invasion. Le devoir commençait pour les vaincus de se montrer gracieux envers les vainqueurs. 自从两个月以来,本市的国民防护队已经很小心地在附近各处森林中间做过好些侦察工作,偶尔还放枪误伤了自己的哨兵,有时候遇着一只小兔子在荆棘丛里动弹,他们就预备作战,现在他们都回家了。器械和服装,以及从前一切被他们拿着在市外周围三法里一带的国道边上去吓唬人的凶器,现在都忽然通通不见了。   法国最后的那些士兵终于渡过了塞纳河,从汕塞韦和布尔阿沙转到俄德枚桥去;走在最后的是位师长,他拿着这些乱糟糟的残兵败将固然想不出一点办法,望着一个徒负盛名的善战民族竟至于因为惨败而崩溃,他也万念俱灰,只有两个副官陪着他徒步走着。   随后,市区笼罩着一种深沉的宁静气氛和一种使人恐怖的寂寞等候状态。很多被商业弄昏了头脑的大肚子富翁都愁闷地等候战胜者,想起自己厨房里的烤肉铁叉和斩肉大刀设若被人当做武器看待,都不免浑身发抖。   生活像是停顿了,店铺全关了门,街道全是没有声息的。偶尔有一个因为这社会的沉寂样子而胆怯的居民沿着墙边迅速地溜过。   由于等候而生的烦闷反而使人指望敌人快点儿来。   在法国军队完全撤退的第二天下午,三五个不知从哪儿出来的普鲁士骑兵匆促地在市区里穿过。随后略为迟一点,就有一堆乌黑的人马从汕喀德邻的山坡儿上开下来,同时另外两股人寇也在达尔内答勒的大路上和祁倭姆森林里的大路上出现了。这三个部队的前哨恰巧同时在市政府广场上面会师;末后,日耳曼人的主力从附近那些街道过来了,一个营接着一个营,用着强硬而带拍子的脚步踏得街面上的石块橐橐地响。   好些口令用一阵陌生的和出自硬颚的声音被人喊出来,沿着那些像是死了一般的空房子向天空升上去,房子的百叶窗虽然全是闭了的,里面却有无数的眼睛正在窥视这些胜利的人,这些根据“战争法律”取得全市生命财产的主人地位的人。居民们在他们的晦暗屋子里都吓糊涂了,正同遇着了洪水横流,遇着了大地崩陷,若是想对抗那类灾害,那么任何聪明和气力都是没有用的。因为每逢一切事物的秩序受到了颠覆,每逢安全不复存在,每逢一切素来享受人为的或者自然的法律所保护的事物听凭一种无意识的残忍的暴力来摆布,这种同样的感觉必然也跟着显出来。无论是地震能使坍塌的房子去覆灭整个的民族,无论是江河决口能使落水的农人同着牛的尸体和冲散的栋梁一块儿漂流,无论是打了胜仗的军队屠杀并且俘虏那些自卫的人,又用刀神的名义实行抢劫并且用炮声向神灵表示谢意,同样是使人恐怖的天灾,同样破坏任何对于永恒公理的信仰,破坏我们那种通过教育对于上苍的保护和人类的理智而起的信任心。   终于在每所房子的门外,都有人数不多的支队叩门了,随后又都在房子里消失了。这是侵入以后的占领行为。战败者对于战胜者应当表示的优待义务从此开始了。 3 Au bout de quelque temps, une fois la première terreur disparue, un calme nouveau s'établit. Dans beaucoup de familles, l'officier prussien mangeait à table. Il était parfois bien élevé, et, par politesse, plaignait la France, disait sa répugnance en prenant part à cette guerre. On lui était reconnaissant de ce sentiment; puis on pouvait, un jour ou l'autre, avoir besoin de sa protection. En le ménageant on obtiendrait peut-être quelques hommes de moins à nourrir. Et pourquoi blesser quelqu'un dont on dépendait tout à fait? Agir ainsi serait moins de la bravoure que de la témérité. - Et la témérité n'est plus un défaut des bourgeois de Rouen, comme au temps des défenses héroïques où s'illustra leur cité. - On se disait enfin, raison suprême tirée de l'urbanité française, qu'il demeurait bien permis d'être poli dans son intérieur pourvu qu'on ne se montrât pas familier, en public, avec le soldat étranger. Au dehors on ne se connaissait plus, mais dans la maison on causait volontiers, et l'Allemand demeurait plus longtemps, chaque soir, à se chauffer au foyer commun. La ville même reprenait peu à peu de son aspect ordinaire. Les Français ne sortaient guère encore, mais les soldats prussiens grouillaient dans les rues. Du reste, les officiers de hussards bleus, qui traînaient avec arrogance leurs grands outils de mort sur le pavé, ne semblaient pas avoir pour les simples citoyens énormément plus de mépris que les officiers de chasseurs, qui, l'année d'avant, buvaient aux mêmes cafés. Il y avait cependant quelque chose dans l'air, quelque chose de subtil et d'inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l'odeur de l'invasion. Elle emplissait les demeures et les places publiques, changeait le goût des aliments, donnait l'impression d'être en voyage, très loin, chez des tribus barbares et dangereuses. Les vainqueurs exigeaient de l'argent, beaucoup d'argent. Les habitants payaient toujours; ils étaient riches d'ailleurs. Mais plus un négociant normand devient opulent et plus il souffre de tout sacrifice, de toute parcelle de sa fortune qu'il voit passer aux mains d'un autre. Cependant, à deux ou trois lieues sous la ville, en suivant le cours de la rivière, vers Croisset, Dieppedalle ou Biessart, les mariniers et les pêcheurs ramenaient souvent du fond de l'eau quelque cadavre d'Allemand gonflé dans son uniforme, tué d'un coup de couteau ou de savate, la tête écrasée par une pierre, ou jeté à l'eau d'une poussée du haut d'un pont. Les vases du fleuve ensevelissaient ces vengeances obscures, sauvages et légitimes, héroïsmes inconnus, attaques muettes, plus périlleuses que les batailles au grand jour et sans le retentissement de la gloire. Car la haine de l'étranger arme toujours quelques intrépides prêts à mourir pour une Idée. Enfin, comme les envahisseurs, bien qu'assujettissant la ville à leur inflexible discipline, n'avaient accompli aucune des horreurs que la renommée leur faisait commettre tout le long de leur marche triomphale, on s'enhardit, et le besoin du négoce travailla de nouveau le coeur des commerçants du pays. Quelques-uns avaient de gros intérêts engagés au Havre que l'armée française occupait, et ils voulurent tenter de gagner ce port en allant par terre à Dieppe où ils s'embarqueraient. 经过了不久的时间,初期的恐怖一旦消失了以后,一种新的宁静气氛又建立起来。在许多人家,普鲁士军官同着主人家一块儿吃饭。军官当中偶尔也有受过好教育的,并且由于礼貌关系,他也替法国叫屈,说自己参加这次战争是很不愿意的。由于这种情感,有人对他是感激的;随后,有人迟早可能还需要他的保护。既然应付着他,也许可以少供养几个士兵吧。并且为什么要去得罪一个完全可以依靠的人?这样的干法固然是轻率的意味多于豪放,不过轻率已经不是卢昂居民的一种缺点了,正和从前使得他们城市增光的壮烈防护时代不一样。终于有人根据那种从法国人的娴雅性情所演绎出来的莫大理由,说是不在公开地点和外国军人表示亲近,那么在家里讲究礼貌原是许可的。所以在门外装做彼此陌生,而在家里却快快乐乐谈话,末后日耳曼人每晚待得更长久一点,和主人家一家子同在一座壁炉跟前烤火了。   市区甚至于慢慢恢复了它的平时状态。法国人还不大出门,不过普鲁士兵却在街道上往来不息。此外,好些蓝军服的轻装骑兵军官傲慢地在街面石块上拖着长大军刀向咖啡馆里走,但是对普通居民的轻蔑态度,并不比上一年在同样的咖啡馆里喝酒的法国步兵军官更为明显。   然而在空气当中总有一点儿东西,一点儿飘忽不定无从捉摸的东西,一种不可容忍的异样气氛,仿佛是一种散开了的味儿,那种外祸侵入的味儿。它充塞着私人住宅和公共场所,它使得饮食变了滋味,它使人觉得是在旅行中间,旅行得很远,走进了野蛮而又危险的部落。   战胜者需索银钱了,需索大量的银钱了。居民们始终照数缴纳;并且他们都是有钱的。不过一个诺曼底买卖人,越是变成了富裕的,那么他越害怕牺牲,越害怕看见自己财产的小部分转到另外一个人手里。   然而,在市区下游两三法里左右的河里,靠近十字洲,吉艾卜达勒或者别萨尔那一带,时常有船户或者渔人从水底捞起了日耳曼人的尸首,这种包在军服里边发胀的尸首都是生前被人一刀戳死的或者一脚踢死的,脑袋被石头碰坏或者从桥上被人一下推下来落到水里。河底的污泥隐没了这类暧昧不明的野蛮而合法的报复,隐名的英雄行为,无声的袭击,这些远比白天的战斗可怕却没有荣誉的声光。   因为对入侵者的憎恶,素来能够教三五个胆大的人格外坚强起来,使他们为了一个信念而不顾性命。   最后,这些入侵者虽然用一种严酷的纪律控制市区,不过他们那些沿着整个胜利路线所干的骇人听闻的行为虽然早已造成了盛名,而目下在市区里还没有完成一件,这时候,人都渐渐胆壮了,做买卖的需要重新又在当地商人们的心眼儿里发动了。好几个都在哈佛尔订有利益重大的契约,而那个城市还在法军的防守之下,所以他们都想由陆路启程先到吉艾卜去,再坐船转赴这个海港。 4 On employa l'influence des officiers allemands dont on avait fait la connaissance, et une autorisation de départ fut obtenue du général en chef. Donc, une grande diligence à quatre chevaux ayant été retenue pour ce voyage, et dix personnes s'étant fait inscrire chez le voiturier, on résolut de partir un mardi matin, avant le jour, pour éviter tout rassemblement. Depuis quelque temps déjà la gelée avait durci la terre, et le lundi, vers trois heures, de gros nuages noirs venant du nord apportèrent la neige qui tomba sans interruption pendant toute la soirée et toute la nuit. A quatre heures et demie du matin, les voyageurs se réunirent dans la cour de l'hôtel de Normandie, où l'on devait monter en voiture. Ils étaient encore pleins de sommeil, et grelottaient de froid sous leurs couvertures. On se voyait mal dans l'obscurité; et l'entassement des lourds vêtements d'hiver faisait ressembler tous ces corps à des curés obèses avec leurs longues soutanes. Mais deux hommes se reconnurent, un troisième les aborda, ils causèrent: "J'emmène ma femme, dit l'un. - J'en fais autant. - Et moi aussi." Le premier ajouta: "Nous ne reviendrons pas à Rouen, et si les Prussiens approchent du Havre nous gagnerons l'Angleterre." Tous avaient les mêmes projets, étant de complexion semblable. Cependant on n'attelait pas la voiture. Une petite lanterne, que portait un valet d'écurie, sortait de temps à autre d'une porte obscure pour disparaître immédiatement dans une autre. Des pieds de chevaux frappaient la terre, amortis par le fumier des litières, et une voix d'homme parlant aux bêtes et jurant s'entendait au fond du bâtiment. Un léger murmure de grelots annonça qu'on maniait les harnais; ce murmure devint bientôt un frémissement clair et continu rythmé par le mouvement de l'animal, s'arrêtant parfois, puis reprenant dans une brusque secousse qu'accompagnait le bruit mat d'un sabot ferré battant le sol. La porte subitement se ferma. Tout bruit cessa. Les bourgeois, gelés, s'étaient tus: ils demeuraient immobiles et roidis. Un rideau de flocons blancs ininterrompu miroitait sans cesse en descendant vers la terre; il effaçait les formes, poudrait les choses d'une mousse de glace; et l'on n'entendait plus, dans le grand silence de la ville calme et ensevelie sous l'hiver, que ce froissement vague, innommable et flottant de la neige qui tombe, plutôt sensation que bruit , entremêlement d'atomes légers qui semblaient emplir l'espace, couvrir le monde. L'homme reparut, avec sa lanterne, tirant au bout d'une corde un cheval triste qui ne venait pas volontiers. Il le plaça contre le timon, attacha les traits, tourna longtemps autour pour assurer les harnais, car il ne pouvait se servir que d'une main, l'autre portant sa lumière. Comme il allait chercher la seconde bête, il remarqua tous ces voyageurs immobiles, déjà blancs de neige, et leur dit: "Pourquoi ne montez-vous pas dans la voiture? vous serez à l'abri, au moins." Ils n'y avaient pas songé, sans doute, et ils se précipitèrent. Les trois hommes installèrent leurs femmes dans le fond, montèrent ensuite; puis les autres formes indécises et voilées prirent à leur tour les dernières places sans échanger une parole. Le plancher était couvert de paille où les pieds s'enfoncèrent. Les dames du fond, ayant apporté des petites chaufferettes en cuivre avec un charbon chimique, allumèrent ces appareils, et, pendant quelque temps, à voix basse, elles en énumérèrent les avantages, se répétant des choses qu'elles savaient déjà depuis longtemps. Enfin, la diligence étant attelée, avec six chevaux au lieu de quatre à cause du tirage plus pénible, une voix du dehors demanda: "Tout le monde est-il monté?" Une voix du dedans répondit: "Oui." - On partit. La voiture avançait lentement, lentement, à tout petits pas. Les roues s'enfonçaient dans la neige; le coffre entier geignait avec des craquements sourds; les bêtes glissaient, soufflaient, fumaient et le fouet gigantesque du cocher claquait sans repos, voltigeait de tous les côtés, se nouant et se déroulant comme un serpent mince, et cinglant brusquement quelque croupe rebondie qui se tendait alors sous un effort plus violent. Mais le jour imperceptiblement grandissait. Ces flocons légers qu'un voyageur, Rouennais pur sang, avait comparés à une pluie de coton, ne tombaient plus. Une lueur sale filtrait à travers de gros nuages obscurs et lourds qui rendaient plus éclatante la blancheur de la campagne où apparaissaient tantôt une ligne de grands arbres vêtus de givre, tantôt une chaumière avec un capuchon de neige. 有人利用了自己熟识的日耳曼军官们的势力,终于获得一张由他们的总司令签发的出境证。   所以,一辆用四匹牲口拉的长途马车被人定了去走这一趟路程,到车行里定座位的有10个旅客,并且决定在某个星期二还没有天亮的时候起程,免得惹人跑过来当热闹看。   几天以来,地面都冻硬了,在星期一午后3点钟光景,成堆的黑云带着雪片儿从北方飞过来,一直下到天黑又下到深夜没有停住。   在午前4点半光景,旅客们都到了诺曼底旅馆的天井里,那就是他们上车的地方。   他们都还睡意沉沉,身子在衣服里面发抖。在黑暗当中谁也看不清楚谁;而且冬季的厚衣服把他们的身子堆得像是一些穿上长道袍的肥胖教士。不过有两个旅客互相认出来了,第三个就向他们身边走过去,他们开始谈天了。“我带了我的妻子。”某一个说。“我也是这么做的。”“我也一样。”那一个接着又说:“我们将来不回卢昂了,并且设若普鲁士人向哈佛尔走,我们将来到英国去。”由于品质相类,他们都有了相同的计划。   这时候,却还没有人套车。一间乌黑的房子里的门开了,一个手提小风灯的马夫时而走出来,时而又立刻走进另一间屋子里。许多马蹄蹄着地面,不过地面上的厩草减轻了马蹄的声音,一阵向牲口说话和叱骂的人声从屋子的尽头传出来了。接着一阵轻微的铃子声音丁零地响着,那就是报告有人正触动到马的鞧辔;那种丁零的响声不久变成了一阵清脆而连续的颤抖,随着牲口的动作而变化,有时候却也停止一下,随即又在一种突然而起的动摇当中再响起来,同着一只蹄铁扑着地面的沉闷声音一齐传到了外面。   门突然关上了。一切响声都停止了。那些冻僵了的市民都不说话了;他们都像僵了一般待着没有动。   连绵不断的雪片像一面帏幕似的往地面上直落,同时耀出回光;它隐没着种种物体的外表,在那上面撒着一层冰苔;在这个宁静而且被严寒埋没的市区的深邃沉寂当中,人都只听见那种雪片儿落下来的飘忽模糊无从称呼的摩擦声息,说声息吗,不如说是感觉,不如说是微尘的交错活动仿佛充塞了空中,又遮盖了大地。   那个马夫又带着风灯出来了,手里紧紧地牵着一匹不很愿意出来的可怜的马。他把牲口靠近了车辕,系好了挽革,前前后后长久地瞧了一番去拴紧牲口身上的各种马具,因为他一只手已经拿着风灯,所以他只有另一只手可以做事,他去牵第二匹马了,这时候他才注意到那些毫不动弹的旅客,发现他们已经浑身全是雪白的,于是说道:“各位为什么不上车,至少那是有遮盖的。”   他们以前无疑地没有想到这一层,现在他们都赶忙向车子走。三个男旅客把他们的妻子都安排在顶前头的位子,自己都跟着上来;随后,另外那些遮头盖面的轮廓模糊的旅客彼此没有交谈一句话,就都坐在剩下来的位子上了。   车里的地下铺着些麦秸,旅客们的脚都藏在那里边了。那些坐在顶前头的女客都带着那种装好化学炭饼的铜质手炉,烧燃了这种东西,便低声慢气地举出它的种种好处,互相重复地叙述那她们早已知道的事物。   末了,车子套好了,因为拉起来比较困难,所以在向例的四匹牲口以外又加了两匹,有人在车子外面问:“旅客们可是都上了车?”车里有一道声音回答:“对的。”大家起程了。车子走得慢而又慢,简直全是小步儿。轮子隐到了雪里;整个车厢轧轧地呻吟着,牲口滑着,喘着,都是汗气蒸腾的。赶车的手里那根长鞭子不住地噼噼啪啪响着,向各方面飞扬,如同一条细蛇样地扭成一个结子又散开,陡然鞭着一匹牲口蹶起的臀部,马受到狠狠的一击,紧张地奔跑起来。   但是天色不知不觉一步比一步亮起来了。那阵曾经被一个纯粹卢昂土著的旅客比成棉雨的雪片儿已经不下了。一阵昏浊的微光从雪堆儿里漏出来,云是在而密的,它使得那片平原,那片忽而有一行披着雪衣的大树忽而有一个顶着雪盔的茅屋的平原,显得更其耀眼。 5 Dans la voiture, on se regardait curieusement, à la triste clarté de cette aurore. Tout au fond, aux meilleures places, sommeillaient, en face l'un de l'autre, M. et Mme Loiseau, des marchands de vins en gros de la rue Grand-Pont. Ancien commis d'un patron ruiné dans les affaires, Loiseau avait acheté le fonds et fait fortune. Il vendait à très bon marché de très mauvais vins aux petits débitants des campagnes et passait parmi ses connaissances et ses amis pour un fripon madré, un vrai Normand plein de ruses et de jovialité. Sa réputation de filou était si bien établie, qu'un soir à la préfecture, M. Tournel, auteur de fables et de chansons, esprit mordant et fin, une gloire locale, ayant proposé aux dames qu'il voyait un peu somnolentes de faire une partie de "Loiseau vole", le mot lui-même vola à travers les salons du préfet, puis, gagnant ceux de la ville, avait fait rire pendant un mois toutes les mâchoires de la province. Loiseau était en outre célèbre par ses farces de toute nature, ses plaisanteries bonnes ou mauvaises; et personne ne pouvait parler de lui sans ajouter immédiatement: "Il est impayable, ce Loiseau." De taille exiguë, il présentait un ventre en ballon surmonté d'une face rougeaude entre deux favoris grisonnants. Sa femme, grande, forte, résolue, avec la voix haute et la décision rapide, était l'ordre et l'arithmétique de la maison de commerce, qu'il animait par son activité joyeuse. A côté d'eux se tenait, plus digne, appartenant à une caste supérieure, M. Carré-Lamadon, homme considérable, posé dans les cotons, propriétaire de trois filatures, officier de la Légion d'honneur et membre du Conseil général. Il était resté, tout le temps de l'Empire, chef de l'opposition bienveillante, uniquement pour se faire payer plus cher son ralliement à la cause qu'il combattait avec des armes courtoises, selon sa propre expression. Mme Carré-Lamadon, beaucoup plus jeune que son mari, demeurait la consolation des officiers de bonne famille envoyés à Rouen en garnison. Elle faisait vis-à-vis à son époux, toute mignonne, toute jolie, pelotonnée dans ses fourrures, et regardait d'un air navré l'intérieur lamentable de la voiture. Ses voisins, le comte et la comtesse Hubert de Bréville, portaient un des noms les plus anciens et les plus nobles de la Normandie . Le comte, vie
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